Découvrez l’univers du photographe Alexandre Chamelat à travers sa série photo “Entre deux vagues”.
Avant tout, présentez vous en quelques mots s’il-vous-plaît :
J’ai grandi et fait mes études d’informatique et de photographie à Toulouse, j’habite à Bordeaux depuis 2016. Je suis un photographe auteur qui oscille entre voyages, WWOOFing*, résidences artistiques, travaux de commandes et photographie événementielle. Je m’intéresse à la philosophie, au cinéma et j’aspire à comprendre le monde qui nous entoure.
*Le World-Wide Opportunities on Organic Farms (WWOOF) est un réseau mondial de fermes biologiques.
Pouvez-vous nous parler de votre série « Entre deux vagues » ?
J’ai réalisé cette série dans le cadre de la saison culturelle Liberté ! Bordeaux 2019 , la mairie m’a donné carte blanche pour livrer un projet photographique sur le territoire Girondin. Cette série nommée “Entre deux Vagues” s’est concentrée sur la côte atlantique et la culture du surf. J’ai essayé de créer un ensemble homogène de portraits, paysages et textures qui évoquent poétiquement les terres du nord de la Gascogne.
Quel message ou émotion souhaitez-vous transmettre à travers ces photos ?
La plénitude, la contemplation, la sérénité, la poésie.
Quelle est votre façon de travailler et en combien de temps avez-vous réalisé cette série ?
Ma pratique se veut esthétique et documentaire. La plupart du temps, mes projets se créent autour d’un territoire précis (pays, ville ou département). J’essaie de restituer les différentes perceptions des lieux et des personnes rencontrées. J’accorde une grande importance à la composition de l’image, les lignes, les courbes, l’équilibre, la répartition des sujets dans le cadre et la distance photographique.
Cette série est particulière, c’était une commande et j’avais un an pour la produire, j’ai dû approximativement passer 10 jours de prises de vue mais c’est plus difficile de comptabiliser les journées de retouches.
A quel moment de la journée avez-vous pris ces photos ? L’heure ou la météo ont-ils un impact dans la réalisation de vos photos ? Quelles sont les conditions idéales pour vous ?
Pour arriver à ce rendu de lumière particulier, je prends les photos à n’importe quelle heure du jour en essayant de favoriser les prises de vue lors de l’apparition de voiles nuageux. Ensuite j’affine et je perfectionne les détails grâce à la retouche. L’homogénéité de la série permet d’amener une atmosphère particulière qui plonge le spectateur dans un univers onirique. Je compare souvent mon travail de post-production à de la peinture.
Quelle est l’étape que vous préférez dans un shoot et pourquoi ?
L’étape que j’affectionne particulièrement est l’instant juste avant de prendre mon appareil et de déclencher, c’est la découverte du lieu ou du sujet et la prise de conscience du besoin de le prendre en photo
Passez-vous beaucoup de temps pour faire des retouches sur vos photos ? Si oui, quels sont vos réglages principaux ?
La post-production est une partie très importante de mon processus de création, quand je suis en prise de vue, j’imagine déjà les possibilités de retouches. Ces “tonalités communes” sont le fruit d’une méthodologie rigoureuse durant tout le processus. La plupart du temps je cherche le traitement qui me convient sur deux ou trois images, une fois trouvé, je l’applique à l’ensemble de ma sélection pour former une série.
La principale technique utilisée est la surexposition.
Une anecdote à nous raconter concernant cette série de photos ?
Cette photo a été prise en juillet 2018 à Soulac-sur-Mer dans le département de la Gironde en France, je commençais tout juste mon projet sur le littoral qui a donné lieu à la série “Entre deux Vagues”.
Le Signal a été construit sur les dunes de la côte Atlantique dans les années 60 à plusieurs centaines de mètres de l’océan. En janvier 2014 les habitants sont évacués de l’immeuble, l’érosion s’accélère et le risque d’effondrement du bâtiment est là. Depuis, aucun dédommagement en faveur des propriétaires n’a été accordée par qui que ce soit. En juillet 2020, le Sénat a voté les modalités de l’indemnisation des copropriétaires : 70% de la valeur vénale des biens estimée, sans prise en compte des risques.
Ce combat, entre d’une part l’océan et cette barre HLM qui dénature le paysage, et d’autre part les copropriétaires de classe moyenne et la justice, est devenu une allégorie de la montée des eaux et de l’érosion côtière. Jusqu’à 50 000 foyers français seront menacés par l’érosion du littoral d’ici la fin du siècle.
On peut lire sur le tag en bas de l’immeuble à droite : “MÊMES-DROITS-POUR-TOUS”.
Quel matériel photo utilisez-vous ?
Leica Q, Canon 5D Mark III
Quelle photo préférez-vous dans cette série et pourquoi ?
Il y a deux photos que j’affectionne particulièrement, la première est “Nuée“, il s’agit d’un vol d’oiseaux au levé du soleil sur une plage de la côte océanique, la deuxième est une vague qui se casse simultanément en deux endroit créant deux zones d’impact toute en douceur.
Je trouve que ces images reflètent la contemplation et la plénitude que je recherche dans ma pratique photographique.
Qui sont les photographes qui vous inspirent ?
Stéphane Lavoué, Zhang Kechun, Matthieu Gafsou, Yann Gross, Michael Kenna.
Avez-vous des projets pour la fin d’année et l’année 2021 ?
Je reviens d’un roadtrip de deux semaines dans le nord de l’Espagne (du Pays-Basque à la Galice). Je vais prendre le temps de retoucher ces images pendant la fin de l’année 2020.
Au vu de la crise sanitaire, je ne sais pas encore quels voyages seront possibles, mais je songe à la Grèce, la Bretagne, la Corse… Je candidate également à plusieurs festivals de photographie et des bourses de création artistiques afin d’exposer et de créer de nouveaux travaux.
Merci beaucoup Alexandre pour toutes vos réponses. Découvrez sa galerie juste ici !